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🕓 Temps de lecture : 10 minutes
Ecrit par Sawsane le 24 août 2023
231 lessives chaque seconde. Soit 7,3 milliards de lessives chaque année. C’est le bilan établi par Planetoscope à propos des habitudes de lavage des Français.e.s qui réaliseraient pas moins de 5 lessives par semaine.
« De quoi tuer l'écosystème d'un étang de 6 hectares et de 1,5 mètre de profondeur » selon le même rapport.
On estime ainsi que le cycle « lavage – séchage en machine – repassage » représente près de 38% de l’impact environnemental d’un vêtement. Impact environnemental qui tient en fait à plusieurs choses. On vous explique.
Lorsqu’on lave des vêtements synthétiques – qui composent majoritairement notre garde-robe, des microfibres de plastique passent à travers les canalisations sans être filtrées, parce que trop petites. Elles se retrouvent dans les cours d’eaux usées avant de finir leur course dans les océans.
Pour parler de la pollution des microplastiques, les chiffres sont plus qu’éloquents – pis on aime bien les chiffres.
Sources : revue Environmental Science and Technology, Université de Plymouth, UICN et l'ADEME
Les microplastiques constituant un véritable problème, le gouvernement français, après le vote de la loi anti-gaspillage, entend imposer à compter du 1er janvier 2025 des filtres à microplastiques aux fabricant.e.s des machines à laver neuves.
Outre les microplastiques principaux responsables de la pollution occasionnée par un lavage en machine, il s’agit aussi de prendre en compte l’aspect énergétique. Parce que logiquement une eau à 20°C nécessite moins de chauffage qu’une eau à 60°C – à nous le prix Nobel de physique !
Plus sérieusement, laver ses vêtements à l’eau froide permettrait d’économiser près de 20 kg de CO2 par an et par personne. En effet, une eau à 90°C consomme 3 fois plus d’électricité qu’une eau à 30°C pour des résultats similaires.
Laver ses vêtements à l’eau chaude contribue en plus de ça à dégrader la qualité de nos vêtements, qui voit leur durée de vie raccourcir : couleurs qui pâlissent, fibres qui rétrécissent ou deviennent plus fragiles…
Ici laver à froid rime ici avec économies. Moins d’énergie, moins d’usure, moins de chauffage et de vêtements à payer : cette méthode a tout bon !
Globalement le chaud est à bannir de nos habitudes : séchage compris. Le sèche-linge émet ainsi 202 kg de CO2 par an et par personne. 75% de l’impact carbone du lavage vient ainsi du séchage.
Un tissu qui sèche à l'air libre est un tissu heureux ! | © MUILLU / Unsplash
La lessive c’est un combiné de composants chimiques qui peuvent contenir jusqu’à 25 molécules différentes parmi lesquelles des tensioactifs aux propriétés détachantes, des enzymes pour accélérer les réactions chimiques, des agents de blanchiment, des conservateurs, du parfum, des colorants…
Autant de produits qui peuvent eux aussi terminer dans les eaux usées. Sans compter leur toxicité : si le tensioactif le plus ancien est le savon, aujourd’hui ses successeurs synthétiques sont plutôt à base de pétrole.
L’écotoxicité de l’eau de lavage est confirmée pour toutes les lessives, qu’elles soient en poudre, en tablette ou liquides.
Pire encore, une étude de 2006, de l’Institut national de la consommation (INC) révèle qu’aucune n’est biodégradable, y compris les lessives dites écologiques.
Si la réglementation impose de mesurer la biodégradabilité des lessives, peu de données scientifiques précises et récentes sont disponibles.
Pschit pschit au manque de transparence (et aux tâches) ! | © JESHOOTS.COM / Unsplash
Le plus gros problème de la lessive reste en fait le manque de transparence qui entoure sa composition. L’étiquetage en vigueur est critiquable à de nombreux égards.
Pour les composants présents en quantité négligeable, moins de 0,2% du poids – sauf pour les enzymes, les désinfectants, les azurants optiques et les parfums, la mention sur l’étiquette n’est même pas obligatoire.
5 lessives par semaine dans les foyers Français.
Vous imaginez une lessive presque tous les jours ? Ce fonctionnement quasi quotidien comporte un problème : des machines qui ne sont pas au maximum de leur capacité, ça veut déjà dire de l’eau gaspillée.
Or un lavage c’est 40 à 90L d’eau, ce qui représente 12% de la quantité d’eau globale d'eau que nous utilisons au sein d’un foyer. Les cycles courts et les lavages espacés sont vos meilleurs alliés contre l’utilisation excessive d’eau.
Pour beaucoup, nous avons ce réflexe : mettre nos vêtements dans la panière de linge sale après une journée passée à les porter. Logique dans le cas de sous-vêtements ou de chaussettes, moins pour nos jeans ou robes.
En effet, on peut très bien ne pas laver un jean pendant une longue période de temps sans qu’il soit considéré pour autant comme « sale ». Lors d’une conférence, le président de Levi's, Chip Bergh confie ne pas avoir lavé son jean depuis près d’un an. Tommy Hilfiger affirme lui aussi dans le Daily Mail qu’il est n’est pas nécessaire de laver ses jeans plus de 3 fois par an.
Quelles raisons à cela ? Les lavages réguliers abîment les fibres et délavent la couleur. De plus l’un des avantages à ne pas laver systématiquement un jean après utilisation est que ce dernier finit par épouser les formes de votre corps.
On vous voit vous dire « Ew, mais alors, les odeurs ou les saletés ? »
Pas d’inquiétude ! Le denim est une matière épaisse, qui ne se salit pas facilement et se nettoie à sec en cas de tâche et ce, sans avoir besoin de le laver entièrement. De plus, un jean éthique pour femme ou pour homme n’absorbe pas particulièrement les odeurs
On nous dit dans l'oreillette que ces jeans en sont à leur 3e lavage annuel | ©
Ricardo Gomez Angel / Unsplash
Quid des bactéries nous direz-vous ? Et bien, c’est en fait loin d’être un drame. Nous avons atteint des niveaux de propreté qui dépassent les meilleurs standards et mettons souvent toutes les bactéries dans le même bateau.
Mais dans les faits, 99% d’entre elles ne vous veulent que du bien.
Seul.e.s les professionnel.le.s de la santé doivent impérativement laver leurs vêtements tous les jours.
Pour Patrick D. Paquette, président de l'Association des microbiologistes du Québec : «Iels travaillent dans des environnements hospitaliers contaminés par des virus ou des bactéries qui sont résistantes aux antibiotiques et peuvent donc être porteurs de bactéries. Pour les autres, c'est un enjeu d'hygiène et d'odeur qui ne relève pas de la microbiologie ».
Porter un même vêtement plusieurs fois d’affilé c’est possible ? Eh bien oui. En l’absence de taches et d’odeurs, pourquoi s’encombrer ? On sait combien l’odeur d’un vêtement à la fleur de cerisier sortant de la machine vous procure de la joie.
Mais il s’agit avant tout de jauger l’état de son vêtement pour savoir si le dit lavage est véritablement nécessaire, au lieu de le mettre de façon réflexe à la machine après usage.
En été, bien sûr il est normal de nettoyer les t-shirts dans lesquels on a pu transpirer, mais pour ce qui est des pantalons, robes et jupes, rien ne permet réellement de les salir en une journée sauf accident.
Pour limiter l’impact énergétique de nos vêtements éthiques pour femme ou pour homme lors de leurs passages en machine, plusieurs choses. Comme on le mentionnait plus haut, on peut commencer par réduire la fréquence de nos machines pour les habits qui n’ont a priori pas besoin d’être lavés tous les jours.
En plus d’économiser de l’eau, on économise de l’énergie. Mieux encore si on lave ses vêtements à 30°C maximum en cycle court. D’autres produits comme les balles de lavage, les disques anti-calcaire et les noix de lavage permettent aussi de réelles économies d’énergies en plus d’être écologiques.
Fun fact : tous les vêtements de cette corbeille sont en fait propres, juste pas pliés | © Annie Spratt / Unsplash
Horreur de la propagation des microplastiques ? Privilégiez des vêtements en fibres naturelles, comme le coton bio. Ou on utilise des sacs de lavage Guppyfriend pour nos vêtements synthétiques – comme les maillots de bain pour femme en matières recyclées, qui recueillent les microplastiques au fil des lavages.
De la même façon, la lessive termine sa course dans les eaux usées et pollue énormément. On fait donc bon usage des doseurs et quand bien même il n’existe pas de lessive biodégradable, on préféra toujours celles portant l’Ecolabel européen qui limitent les COV dangereux pour les personnes et l’environnement.
Autre solution : la boule de lavage, supposée laver le linge sans utiliser de détergent grâce à des petites billes en céramiques qui émettent de puissants infrarouges. Réutilisable et écologique, elle garantit 3 ans de lavage.
Pour préserver nos vêtements et éviter de les jeter prématurément à la benne, on s’en tient à la base : respecter les indications présentes sur les étiquettes.
On oublie pas non plus de mettre nos vêtements en fibre naturelle à l’envers pour que la couleur n’en patisse pas. Quant aux filets de lavage, ils limitent les accrochages entre vêtements dans la machine.
Pour aller de pair avec une réduction de la machine à laver, on vous propose des petits tips pour remédier aux petits désagréments que l’on rencontre avec nos textiles.
Des lavages citronnés et sans pépin ;) | © Han Lahandoe / Unsplash
Des odeurs de nourriture persistantes ? Il suffit de déposer le vêtement en question sur un radiateur pas trop chaud la nuit ou simplement de le suspendre sur un cintre à l’extérieur. Dès le lendemain, plus d’odeur !
Quant aux bactéries, si vous voulez vous assurer que votre jean en soit débarrassé, il suffit de le laisser une nuit au congélateur dans un sac plastique – on vous entend dire “grrrr” mais quitte à les utiliser ces sacs en plastique ! Le froid permet ainsi de tuer toutes les bactéries.
Tâches sur vos vêtements en laine ou en soie, un mot : le vinaigre ! Sur le synthétique privilégiez la terre de sommières. Quant aux couleurs qui ternissent, le citron, agent de blanchiment naturel reste votre meilleur allié.
Rien de plus simple pour l’utiliser : mettez le jus de l’équivalent d’un demi-citron dans le bac de la machine à laver ou placez dans le tambour de la machine un petit sac en tissu léger contenant 4 rondelles de citron sans pépins.
Facile non ?
Nos sources :
La lessive en FranceTags : C'est quoi le problème ?